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TERRITOIRES CONTRAINTS - Richesses insoupçonnées (1/4) Introduction

jeudi 12 octobre 2017, par Alice BRICOUT

Alice BRICOUT - Etudiante en architecture

ENSA Marseille -Métropole Carnet Curieux - Studio Rémy Marciano - 2016-2017

Mémoire de fin d’études

La coupure situe l’image de la ville à l’opposé de l’idéal urbain. Cela crée-t-il des espaces dénués de qualités ? Ce mémoire a pour but de comprendre ces territoires contraints à travers deux cités et deux lotissements de la métropole. Il tente de mettre en lumière les potentiels que peuvent contenir ces lieux. Deux types d’éléments de coupure se retrouvent dans ces exemples : la limite naturelle et l’infrastructure.
Un travail graphique sobre met en évidence leurs frontières. L’outil photographique vient compléter et inverser le regard sur ces espaces.
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INTRODUCTION

Sur l’autoroute de la région Marseillaise les paysages se succèdent, entre ville et nature. Parfois, nous pouvons apercevoir fugacement des habitations en contre-bas, parfois nous faisons l’étrange expérience de rouler au même niveau que les étages hauts d’une tour. Ces territoires nous apparaissent inaccessibles et faisant partie d’un autre monde.

La métropole Aix-Marseille est polycentrique. La mobilité est assurée principalement par des axes autoroutiers, routiers, ferrés, etc., se juxtaposant à une géographie difficilement franchissable. Des territoires urbains se retrouvent alors pris dans les interstices de ce maillage. Ils peuvent être considérés comme des territoires contraints. En effet, la contrainte est un « Élément de l’espace qui gêne ou limite les activités humaines en un lieu ». Rapportée au territoire, cette définition suppose un « effet de coupure ». La notion de coupure (…) désigne la « séparation inopportune créée par une route à grande circulation, entre deux zones entretenant d’étroites relations ». (Fleuves, voies ferrées, autoroutes, mais aussi feux et détours comme usines ou cimetières.
Dans ce mémoire, les coupures ne sont pas toujours totalement infranchissables. Elles sont naturelles ou de l’ordre de l’infrastructure.

Paradoxalement, ce sont ces éléments de coupures qui permettent aux habitants de se déplacer à grande échelle, de s’extirper de chez eux, le plus loin et le plus vite possible. En revanche, dès qu’il s’agit de se déplacer à proximité de ces limites, en bordure de ces territoires, à 500 m de chez soi, le piéton doit faire face à de nombreux obstacles : des voies grandes vitesses, contourner les barrières, ou avoir une bonne condition physique pour gravir une pente.

(…)
L’implantation, qui est peut-être peu pensée, de ces grands ou petits ensembles résidentiels, les éléments de coupures et leur mono-fonctionnalité semblent créer une fragmentation spatiale.
(…)

Les territoires urbains souffrant de fragmentation spatiale sont les territoires contraints. Dans la métropole d’Aix-Marseille, il n’existe pas un seul modèle. Deux types antinomiques de prime abord, peuvent être comparés : les cités et les lotissements. Bien que leurs caractéristiques spatiales et sociales soient très différentes, voire opposées, ces deux typologies d’ensemble d’habitats sont très souvent dans des situations contraintes.

Dès lors, ne cherchons plus à en sortir mais à découvrir ces territoires contraints et à en révéler leurs richesses, pour peut-être en dégager des potentialités.

-  Quels sont les types de coupures ?
-  Quels sont leurs effets ?
-  Quels sont ces espaces en bordure des limites ?
-  Quelles richesses en résulte-t-il ?
-  Sont-elles exploitées ?
-  Quelles sont les potentialités pouvant être dégagées ?
-  Quel est le ressenti de ces habitants ?
-  Comment ces territoires sont-ils perçus de l’extérieur ?
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Ces questions seront posées sur quatre sites d’études : Frais Vallon, Consolat-Mirabeau, Les vergers-Les amandiers, les Magatis, soit deux grands ensembles et deux lotissements, répartis sur le territoire de la métropole. La méthode choisie est comparative. Comparer des opérations de 1000 logements alignés verticalement, avec d’autres de seulement 50, alignés horizontalement dans des environnements moins vides en apparence, peut sembler revenir à comparer l’incomparable. Ce sont pourtant des ensembles homogènes, construits dans les années 1960 et 1970, sur des territoires aux contraintes semblables. Il s’agit alors de comparer la façon dont sont perçus et vécus ces derniers pour découvrir des aspects qui nous échappent en temps normal. Les grands ensembles sont situés à Marseille et sont qualifiés de « cités des quartiers Nord ». Ce terme connote à tout un chacun une « image » péjorative, principalement véhiculée par les médias. De plus, les lotissements sont eux aussi victimes de préjugés. Dans les deux cas, l’on s’en fait une représentation primaire : il n’y a pas de traitement de l’espace public, leur réseau n’est pas intégré au tissu urbain, et enfin l’architecture identique est monotone et sans qualité. Il s’agit ici de casser les préjugés, prendre du recul et redessiner une nouvelle image par le biais du thème du territoire contraint.

Mes recherches sur le terrain se sont déroulées en trois temps : d’abord une prise de connaissance des terrains, des difficultés qu’imposent les limites, puis une expérience photographique des lieux visant à révéler des richesses et forgeant mon propre avis sur ces lieux, et enfin des conversations ethnographiques et des activités avec des enfants dans les écoles des sites afin de confronter la vision des habitants à la mienne.

Tout d’abord, ce mémoire analysera les situations contraintes. Il s’agira d’identifier les limites, leurs types, leurs degrés de porosité, les difficultés de franchissement ou de contournement, etc.
La seconde partie analysera les non-lieux produits par les coupures en dévoilant les richesses que l’on peut y trouver. Il s’agira aussi de savoir si elles sont exploitées ou non, et si oui, comment.


TERRITOIRES CONTRAINTS - Richesses insoupçonnées
Alice BRICOUT - Mémoire de fin d’études - 2016/2017

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